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Chaque français se trouve donc « cloîtré » chez lui, selon une expression que l’on entend ces jours-ci. A-t-on pensé que des milliers de nos frères et sœurs vivent « cloîtrés » non seulement par choix, mais par vocation, c’est à dire par un appel de Dieu Lui-même ? Je veux parler de nos frères et sœurs moines et moniales dont Dieu veut le bonheur comme Il veut le nôtre… et qu’Il appelle pour cela au cloître. Nous sommes cloîtrés chez nous, ils sont chez eux au cloître. Et si la claustration que nous subissons depuis quelques jours pouvait être un temps de grâce ? Rester au cloître sans être claustro, mille sept cent ans d’expérience à votre service ; dans le secret des monastères !

Qu’est-ce qu’un cloître ? C’est un espace clôt vers l’extérieur mais ouvert vers le ciel. C’est généralement un jardin bien ordonné, parfois avec une source (un puits) en son centre. C’est enfin un lieu où l’on marche, seul ou en procession avec ses frères, du réfectoire à l’église, du travail à la salle du chapitre… un lieu qui dit dans le langage courant la vocation de ceux qui ont choisi la vie contemplative. On ne s’y coupe pas du monde, on y apprend à s’ouvrir au Ciel.

On n’y tourne pas en rond, mais chaque déplacement nous ramène à la porte de l’église, nous invite à une rencontre renouvelée avec lui. Symbole d’une profonde unité de vie. Saint Benoît veut faire de son abbaye « une école du service de Dieu ». Le cloître n’est pas pour ceux qui savent déjà, mais pour ceux qui veulent apprendre. Et si nous pouvions choisir de vivre notre claustration comme un temps d’école du service de Dieu ? Choisir plutôt que subir, c’est le secret pour pouvoir vivre toute chose avec amour.

Quelles leçons pourrions-nous alors recevoir de ceux qui ont quelques années d’expériences ? Ils nous diraient peut-être que la vie du cloître est une vie régulière : une vie qui cherche à échapper à l’engrenage démoralisant du « j’ai envie, j’ai pas envie » en suivant une règle de vie. Que je deviens libre en obéissant à un horaire et en distinguant le temps pour le travail, le temps pour la prière, le temps pour le repos. Le temps pour le silence et le temps pour la parole. Que cette règle doit être légère pour pouvoir être tenue tous les jours.

Ils nous diraient certainement que la journée est harmonieusement rythmée quand c’est la prière qui lui donne son rythme et non pas les repas ou la durée d’un épisode de série ! Que la prière est une mission, elle porte le monde. Le monde attend la prière de l’Église.

Ils nous diraient peut-être qu’on ne peut vivre seul. Que l’on a besoin d’ouvrir son cœur à l’oreille bienveillante d’un ancien. De dire ce qui nous habite avant que cela ne nous obsède.

Que nous sommes un corps, une âme, un esprit. Que l’horaire doit nous accorder d’honorer notre corps (manger, dormir, faire de l’exercice, sans manque ni excès), notre âme (veiller à s’entourer de choses d’une beauté simple), et notre esprit (« tout progrès vient de la lecture » dit saint Isidore).

Ils nous diraient probablement que la prière continuelle n’est pas une utopie mais qu’elle doit être cherchée sans tension dans le regard aimant de Dieu posé sur nous plutôt que dans nos efforts pour l’atteindre.

Que puis-je faire ? Choisir de vivre ce temps comme une école du service de Dieu, d’écoute de sa Parole… choisir le lieu où je vis comme le lieu d’exercice de cette vie sous son regard. Choisir ceux avec qui je suis comme des frères et sœurs… Choisir, c’est pouvoir aimer.

Me donner une petite règle de vie. Pas quelque chose d’exceptionnel, mais une résolution à tenir qui m’aide à me tenir droit, à ne pas perdre de vue l’essentiel. Un horaire avec des temps fixes et d’autres libres.

Chercher qui pourrait m’aider à vivre ce temps, m’écouter, m’aider à le vivre comme une école. Saint Benoît n’avait pas de téléphone, moi si !

Mgr Gobilliard vous présente la liturgie des heures

Pourquoi ne pas réciter un, ou deux ou trois offices de la liturgie des heures, seul ou à plusieurs ? Oui, c’est un peu là que je voulais en venir ! Prier avec toute l’Église, c’est possible. Chaque matin, toute l’Église prie les laudes, l’office de milieu du jour à la pause méridienne, les vêpres à la fin du travail et complies avant de se coucher. Une manière de vivre ce temps en Eglise, comme une mission, un enjeu énorme : porter le monde dans la prière avec tous mes frères et sœurs moines, moniales, prêtres, consacrés…

Témoignage d’une jeune qui a expérimenté la solitude…. et la présence de Dieu à travers elle. @agnesdereviers