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Nul ne peut apprendre à espérer seul : des textes pour continuer le chemin

Mar 20, 2021

Que vous ayez vécu le pélé 2021 à Ars, à Hautecombe, à Noirétable ou à Vivers, vous avez pu entendre au cours de cette journée des textes qui ouvrent à l’espérance.

Passages bibliques, textes de méditation ou citations de saints, retrouvez dans cet article toutes ces pépites pour continuer d’apprendre à espérer ! 

Les pèlerins d'Emmaüs : nos compagnons de route pour ce pélé 2021

Lc 24, 13-35

Le même jour, deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem, et ils parlaient entre eux de tout ce qui s’était passé. Or, tandis qu’ils s’entretenaient et s’interrogeaient, Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux.Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître. Jésus leur dit : « De quoi discutez-vous en marchant ? » Alors, ils s’arrêtèrent, tout tristes.L’un des deux, nommé Cléophas, lui répondit : « Tu es bien le seul étranger résidant à Jérusalem qui ignore les événements de ces jours-ci. » Il leur dit : « Quels événements ? » Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth, cet homme qui était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple : comment les grands prêtres et nos chefs l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié. Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël. Mais avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé. À vrai dire, des femmes de notre groupe nous ont remplis de stupeur. Quand, dès l’aurore, elles sont allées au tombeau, elles n’ont pas trouvé son corps ; elles sont venues nous dire qu’elles avaient même eu une vision : des anges, qui disaient qu’il est vivant. Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu. »

Il leur dit alors : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? » Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait.

Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin. Mais ils s’efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse. » Il entra donc pour rester avec eux. Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. Ils se dirent l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? » À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent : « Le Seigneur est réellement ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. » À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.

La Bible pour apprendre à espérer 

Romains 5, 1-5 : l'Espérance ne déçoit pas !

Nous qui sommes donc devenus justes par la foi, nous voici en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, lui qui nous a donné, par la foi, l’accès à cette grâce dans laquelle nous sommes établis ; et nous mettons notre fierté dans l’espérance d’avoir part à la gloire de Dieu.

Bien plus, nous mettons notre fierté dans la détresse elle-même, puisque la détresse, nous le savons, produit la persévérance ; la persévérance produit la vertu éprouvée ; la vertu éprouvée produit l’espérance ; et l’espérance ne déçoit pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné.

1 Pierre 3, 13-17 : Espérance et mission !

Et qui vous fera du mal, si vous vous montrez zélés pour le bien ? Bien plus, au cas où vous auriez à souffrir pour la justice, heureux êtes-vous. N’ayez d’eux aucune crainte et ne soyez pas troublés ; mais sanctifiez dans vos cœurs le Christ qui est Seigneur. Soyez toujours prêts à justifier votre espérance devant ceux qui vous en demandent compte. Mais que ce soit avec douceur et respect, en ayant une bonne conscience, afin que, sur le point même où l’on vous calomnie, ceux qui décrient votre bonne conduite en Christ soient confondus. Car mieux vaut souffrir en faisant le bien, si telle est la volonté de Dieu, qu’en faisant le mal.

Psaume 87 : chercher la présence de Dieu dans la nuit

02 Seigneur, mon Dieu et mon salut, dans cette nuit où je crie en ta présence,

03 que ma prière parvienne jusqu’à toi, ouvre l’oreille à ma plainte.

04 Car mon âme est rassasiée de malheur, ma vie est au bord de l’abîme ;

05 on me voit déjà descendre à la fosse, je suis comme un homme fini.

06 Ma place est parmi les morts, avec ceux que l’on a tués, enterrés, ceux dont tu n’as plus souvenir, qui sont exclus, et loin de ta main.

07 Tu m’as mis au plus profond de la fosse, en des lieux engloutis, ténébreux ;

08 le poids de ta colère m’écrase, tu déverses tes flots contre moi.

09 Tu éloignes de moi mes amis, tu m’as rendu abominable pour eux ; enfermé, je n’ai pas d’issue :

10 à force de souffrir, mes yeux s’éteignent. Je t’appelle, Seigneur, tout le jour, je tends les mains vers toi :

11 fais-tu des miracles pour les morts ? leur ombre se dresse-t-elle pour t’acclamer ?

12 Qui parlera de ton amour dans la tombe, de ta fidélité au royaume de la mort ?

13 Connaît-on dans les ténèbres tes miracles, et ta justice, au pays de l’oubli ?

14 Moi, je crie vers toi, Seigneur ; dès le matin, ma prière te cherche :

15 pourquoi me rejeter, Seigneur, pourquoi me cacher ta face ?

16 Malheureux, frappé à mort depuis l’enfance, je n’en peux plus d’endurer tes fléaux ;

17 sur moi, ont déferlé tes orages : tes effrois m’ont réduit au silence.

18 Ils me cernent comme l’eau tout le jour, ensemble ils se referment sur moi.

19 Tu éloignes de moi amis et familiers ; ma compagne, c’est la ténèbre.

Isaïe 40, 28-31 : ceux qui mettent leur espérance dans le Seigneur trouvent des forces nouvelles

Le Seigneur est le Dieu éternel, il crée jusqu’aux extrémités de la terre, il ne se fatigue pas, ne se lasse pas. Son intelligence est insondable.

Il rend des forces à l’homme fatigué, il augmente la vigueur de celui qui est faible.

Les garçons se fatiguent, se lassent, et les jeunes gens ne cessent de trébucher, mais ceux qui mettent leur espérance dans le Seigneur trouvent des forces nouvelles ; ils déploient comme des ailes d’aigles, ils courent sans se lasser, ils marchent sans se fatiguer. 

Romains 4, 13-22 : espérant contre toute espérance

Frères,
ce n’est pas en vertu de la Loi
que la promesse de recevoir le monde en héritage a été faite à Abraham et à sa descendance, mais en vertu de la justice obtenue par la foi.
Voilà pourquoi on devient héritier par la foi : c’est une grâce, et la promesse demeure ferme
pour tous les descendants d’Abraham, non pour ceux qui se rattachent à la Loi seulement,
mais pour ceux qui se rattachent aussi à la foi d’Abraham, lui qui est notre père à tous.
C’est bien ce qui est écrit :
J’ai fait de toi le père d’un grand nombre de nations.
Il est notre père devant Dieu en qui il a cru,
Dieu qui donne la vie aux morts et qui appelle à l’existence ce qui n’existe pas.

Espérant contre toute espérance, il a cru ;
ainsi est-il devenu le père d’un grand nombre de nations, selon cette parole :
Telle sera la descendance que tu auras !
Et voilà pourquoi il lui fut accordé d’être juste.

1 Thessaloniciens 4, 13-18 : ne pas être abattu, l'espérance face à la mort

Frères, nous ne voulons pas vous laisser dans l’ignorance au sujet de ceux qui se sont endormis dans la mort ; il ne faut pas que vous soyez abattus comme les autres, qui n’ont pas d’espérance.

Jésus, nous le croyons, est mort et ressuscité ; de même, nous le croyons aussi, ceux qui se sont endormis, Dieu, par Jésus, les emmènera avec lui. Car, sur la parole du Seigneur, nous vous déclarons ceci : nous les vivants, nous qui sommes encore là pour la venue du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui se sont endormis. Au signal donné par la voix de l’archange, et par la trompette divine, le Seigneur lui-même descendra du ciel, et ceux qui sont morts dans le Christ ressusciteront d’abord.Ensuite, nous les vivants, nous qui sommes encore là, nous serons emportés sur les nuées du ciel, en même temps qu’eux, à la rencontre du Seigneur. Ainsi, nous serons pour toujours avec le Seigneur.

Réconfortez-vous donc les uns les autres avec ce que je viens de dire.

Des textes pour méditer 

De la miséricorde à la table d'Emmaüs (le fils prodigue, Paul Baudiquey )

Lève les yeux, prosterné, éperdu de détresse, et déjà tout lavé dans la magnificence… Lève les yeux, et regarde, ce visage, cette face très sainte qui te contemple, amoureusement. Tu es accepté, tu es désiré de toute éternité, avant l’éparpillement des mondes, avant le jaillissement des sources, j’ai longuement rêvé de toi, et prononcé ton nom. 

Vois donc, je t’ai gravé sur la paume de mes mains, tu as tant de prix à mes yeux. Ces mains je n’ai plus qu’elles, de pauvres mains ferventes, posées comme un manteau sur tes frêles épaules, tu reviens de si loin ! Lumineuses, tendres et fortes, comme est l’amour de l’homme et de la femme, tremblantes encore – et pour toujours, du déchirant bonheur. 

 

II faut misère pour avoir cœur. Et d’une patience qui attend, et d’une attente qui écoute, naît le dialogue insurpassable. Notre assurance n’est plus en nous, elle est en celui qui nous aime.
Accepter d’être aimé… accepter de s’aimer. Nous le savons, il est terriblement facile de se haïr; la grâce est de s’oublier. La grâce des grâces serait de s’aimer humblement soi-même, comme n’importe lequel des membres souffrants de Jésus-Christ. 

Encore faut-il avoir appris ce que tomber veut dire, comme une pierre tombe dans la nuit de l’eau; Ce que veut dire craquer, comme un arbre s’éclate aux feux ardents du gel, sous l’éclair bleu de la cognée. Que peuvent savoir de la miséricorde des matins, ceux dont les nuits ne furent jamais de tempêtes et d’angoisses ?

Que nous soyons dans l’inquiétude, le doute et le chagrin, que nous marchions, le cœur serré, dans la vallée de l’ombre et de la mort ! Que nos visages n’aient d’autre éclat que ceux, épars,
d’un beau miroir brisé…

 

Un amour nous précède, nous suit, nous enveloppe… L’inconnu d’Emmaüs met ses pas dans les nôtres, et s’assied avec nous à la table des pauvres. (…) Les vrais regards d’amour sont ceux qui nous espèrent.

"Pour rencontrer l’espérance, il faut être allé au-delà du désespoir" (La liberté pour quoi faire, Essais et écrits de combat, Georges Bernanos)

L’espérance est une détermination héroïque de l’âme, et sa plus haute forme est le désespoir surmonté. L’espérance est une vertu héroïque. On croit qu’il est facile d’espérer. Mais n’espèrent que ceux qui ont eu le courage de désespérer des illusions et des mensonges où ils trouvaient une sécurité qu’ils prennent faussement pour de l’espérance. L’espérance est un risque à courir, c’est même le risque des risques. L’espérance est la plus grande et la plus difficile victoire qu’un homme puisse remporter sur son âme. On ne va jusqu’à l’espérance qu’à travers la vérité, au prix de grands efforts. Pour rencontrer l’espérance, il faut être allé au-delà du désespoir. Quand on va jusqu’au bout de la nuit, on rencontre une autre aurore. 

 
"Comment faire de tout cela une occasion d’aimer davantage ? " (Veilleurs, où en est la nuit, Adrien Candiard)

 

Espérer, ce n’est pas se mentir ou se voiler la face, mais croire que l’amour est plus solide que le reste, parce que, contrairement à nos ambitions, nos richesses, nos conflits, tout ce qui nous distrait trop souvent de l’essentiel, l’amour a les promesses d’éternité. Il ne passera jamais, saint Paul nous le dit. Quand le monde qui nous entoure nous fait peur, l’espérance chrétienne ne nous dit pas de rester là à pleurnicher parce que tout va mal, ni de sourire bêtement parce que tout irait bien ; elle ne nous invite pas à attendre que Dieu détruise ce monde-là pour en construire un autre ; elle nous pose une question très simple : comment faire de tout cela une occasion d’aimer davantage ?

(…)

La vie éternelle, c’est ne plus vivre pour soi-même. C’est avoir donné sa vie. Cela ne signifie pas mourir, mais au contraire être disponible – pour un service, pour une rencontre, pour un sourire ; donner sa vie, ce n’est pas la perdre, mais la vivre pleinement ; c’est la gagner

 
La petite fille espérance - Charles Péguy

Ce qui m’étonne, dit Dieu, c’est l’espérance.Et je n’en reviens pas.

Cette petite espérance qui n’a l’air de rien du tout. Cette petite fille espérance. Immortelle.

Car mes trois vertus, dit Dieu, les trois vertus mes créatures, mes filles mes enfants, sont elles-mêmes comme mes autres créatures de la race des hommes.

La Foi est une Épouse fidèle.

La Charité est une Mère. Une mère ardente, pleine de cœur. Ou une sœur aînée qui est comme une mère.

L’Espérance est une petite fille de rien du tout qui est venue au monde le jour de Noël de l’année dernière, qui joue encore avec le bonhomme Janvier, avec ses petits sapins en bois d’Allemagne couverts de givre peint et avec son bœuf et son âne en bois d’Allemagne peints.Et avec sa crèche pleine de paille que les bêtes ne mangent pas, puisqu’elles sont en bois.

C’est cette petite fille pourtant qui traversera les mondes.

Cette petite fille de rien du tout.

Elle seule, portant les autres, qui traversera les mondes révolus.

[…]

Mais l’espérance ne va pas de soi.

L’espérance ne va pas toute seule.

Pour espérer, mon enfant, il faut être bien heureux, il faut avoir obtenu, reçu une grande grâce.

[…]

La petite espérance s’avance entre ses deux grandes sœurs et on ne prend pas seulement garde à elle.

Sur le chemin du salut, sur le chemin charnel, sur le chemin raboteux du salut, sur la route interminable, sur la route entre ses deux sœurs la petite espérance s’avance.

Entre ses deux grandes sœurs. Celle qui est mariée.

Et celle qui est mère. Et l’on n’a d’attention, le peuple chrétien n’a d’attention que pour les deux grandes sœurs.

La première et la dernière. Qui vont au plus pressé.Au temps présent.  À l’instant momentané qui passe.

Le peuple chrétien ne voit que les deux grandes sœurs, n’a de regard que pour les deux grandes sœurs. Celle qui est à droite et celle qui est à gauche.Et il ne voit quasiment pas celle qui est au milieu.La petite, celle qui va encore à l’école.Et qui marche perdue entre les jupes de ses sœurs.

Et il croit volontiers que ce sont les deux grandes qui traînent la petite par la main. Au milieu. Entre les deux. Pour lui faire faire ce chemin raboteux du salut. Les aveugles qui ne voient pas au contraire que c’est elle au milieu qui entraîne ses grandes sœurs.

Et que sans elle elles ne seraient rien.Que deux femmes déjà âgées. Deux femmes d’un certain âge. Fripées par la vie.

C’est elle, cette petite, qui entraîne tout. 

Car la Foi ne voit que ce qui est. Et elle elle voit ce qui sera. 

La Charité n’aime que ce qui est. Et elle elle aime ce qui sera.

[…]

Sur le chemin montant, sablonneux, malaisé, sur la route montante.

Traînée, pendue aux bras de ses deux grandes sœurs, qui la tiennent pas la main, la petite espérance s’avance.

Et au milieu entre ses deux grandes sœurs elle a l’air de se laisser traîner. Comme une enfant qui n’aurait pas la force de marcher et qu’on traînerait sur cette route malgré elle.

Et en réalité c’est elle qui fait marcher les deux autres. Et qui les traîne. Et qui fait marcher tout le monde. Et qui le traîne.

Car on ne travaille jamais que pour les enfants.

Et les deux grandes ne marchent que pour la petite.